Fig. 1 : Certaines espèces de perlidae sont de bons indicateurs de la qualité de l’eau. (Photo: FVA)
3. Gestion des zones humides en milieu forestier
La gestion des zones humides en forêt s’inscrit dans une démarche de protection et de valorisation de la biodiversité et de la ressource en eau, en se basant sur deux objectifs principaux :
- Veiller à maintenir un degré de naturalité optimale : limiter les interventions à des actions de restauration ou de réhabilitation des biotopes concernés ;
- Maintenir, voir restaurer la fonctionnalité des milieux humides : éviter toute intervention susceptible de réduire la fonctionnalité de ces biotopes. En tête de bassin versant, les zones humides assurent des fonctions écologiques essentielles qu ‘il est primordial de maintenir et de valoriser.
Maintenir et restaurer la fonctionnalité des zones humides
>> Objectif : l’originalité de ces milieux réside en leur étroite lien avec l’eau. Les modifications des modes d’alimentation et du caractère hydromorphe de ces formations peuvent menacer directement la pérennité des ces milieux. La fonctionnalité d’une zone humide doit s’envisager à l’échelle de son bassin d’alimentation en eau, et non pas seulement à l’entité humide seule.
>> Mesures de gestion :
- fermeture des drains encore actifs par des mesures rustiques qui facilitent une bonne intégration paysagère ;
- favoriser la rétention des eaux de ruissellements par les zones humides naturelles : en particulier pour les eaux en provenance du réseau de piste et de route forestière ;
- pas de remblais ni de travaux en zone humide ayant pour impact de réduire la surface de la zone humide et/ou d’accentuer l’assèchement de ces milieux ;
- dans certains cas de figure préconiser une gestion adaptée pour réduire le comblement des étendues d’eau naturelles : mares et mardelles ;
- dans les zones humides jugées peu dégrafées, éviter les changements brusques de couverture végétale pour maintenir une ambiance climatique à l’équilibre (ex : pas de suppression totale de la couverture arbustive ou arborée dans la zone humide même).
Une gestion sylvicole différenciée :
>> Objectif : d’un point de vue sylvicole, l’objectif est de favoriser et maintenir des peuplements naturels adaptés aux spécificités des stations humides, de favoriser le maintien d’une lisière étagée et diversifiée (strate arbustive et essence de lumière notamment). Hors des contextes des habitats naturels de sapinière-pessière et pineraie tourbeuses, on veillera en priorité à réduire la pression des essences allochtones résineuses (épicéas commun, douglas, pin weyouth…).
>> Mesures de gestion :
- réduction des essences allochtones présentes dans l’enveloppe de la zone humide ou en bordure immédiate au profit des essences adaptées ou de milieux ouverts ;
- adapter l’intervention en contexte de forte pression du gibier pour éviter de sur favoriser l’épicéas ;
- enrichissement possible par plantation (pour favoriser la diversification des essences). Préférer au maximum la régénération naturelle ;
- sur les litières stériles sous pessière, grattage du sol possible en surface pour favoriser la régénération de l’Aulne glutineux (cas des aulnaies et aulnaies frênaies de fond de vallon).
- travail spécifique sur les lisières en veillant à limiter la pression des essences allochtones ;
L’exploitation respectueuse des milieux humides
- lors des chantiers d’exploitation forestière dans ou en bordure des zones humides, utiliser des huiles biodégradables ;
- pas de stockage d’engin dans ou en bordure immédiate de zone humide ;
- adapter les méthodes d’exploitation au contexte humide : pas de circulation d’engins directement dans la zone humide, débardage des arbres en entier pour éviter l’abandon de rémanents, pas de stockage de bois dans la zone humide.
Gestion des végétaux exotiques invasifs dans les zones humides.
>> Objectif: préservation et restauration de la naturalité des milieux.
>> Mesures de gestion : Si l’impact n’est pas jugé prépondérant en milieu forestier de montagne, il semble important d’observer quelques mesures préventives pour éviter la dissémination des espèces invasives en milieux humides intraforestiers.
- Conserver un couvert boisé stable et continu : pas d’ouverture massive et brusque du peuplement dans les secteurs déjà touchés ou proche de foyer d’espèces végétales exotiques.
- Eviter les remblais ou l’apport de matériaux exogènes susceptibles d’être contaminés par des propagules.
- Exiger le nettoyage des engins de travaux publics lors d’intervention en forêt.
- Fauchage répété (2 x par an ou plus, pendant la période de végétation) avec exportation des déchets végétaux (hors forêt, puis destruction) sur les zones récemment ou très ponctuellement colonisées.
Traduction
- dialogos GbR
- 79100 Freiburg
Remarque
- Ce texte est un extrait du« Manuel Forêt et Eau »
Ce manuel comprend de nombreuses autres informations sur le thème « Forêt et Eau ».