Le tempérament du douglas, qui peut être qualifié d’héliophile supportant un léger ombrage dans le jeune âge, semble adéquat pour mener à bien le renouvellement naturel des peuplements. Son caractère héliophile doit toutefois être pris en compte afin d’apporter suffisamment d’éclairement aux semis (figure 1). Les bonnes fructifications sont fréquentes et ont lieu à intervalles relativement courts, soit 4 à 7 ans. L’âge optimal de fructification est assez précoce, environ 40 ans.
En outre, les dimensions ou l’âge d’exploitabilité du douglas peuvent aisément être élargis, sans risque majeur de dépréciation des grumes par une pourriture ou de déstabilisation. L’apparition et la gestion de la régénération ne peuvent donc qu’en être favorisées. Quelques peuplements situés en Wallonie, en France ou en Allemagne constituent de belles vitrines de la réussite de la régénération naturelle de cette essence. Le renouvellement naturel des peuplements de douglas semble donc très prometteur.
Sources de données
Les données utilisées pour cette étude proviennent de deux sources. La première est l’Inventaire Permanent des Ressources Forestières de Wallonie (IPRFW). Celui-ci permet de déterminer les valeurs maximales ou minimales des principales caractéristiques des peuplements en régénération à l’échelle de la Wallonie. Il a l’avantage d’être systématique et représentatif de la situation en forêt wallonne. Le second jeu de données vient d’un échantillonnage dirigé qui s’est attaché à décrire les conditions de bonne régénération dans quarante douglasaies sélectionnées après enquête auprès des gestionnaires publics et privés wallons. Il permet une caractérisation plus précise de la régénération (densité, hauteur, …) et des conditions dendrométriques et stationnelles associées.
Des seuils d’apparition atteints facilement
Afin de caractériser les conditions d’apparition de la régénération naturelle de douglas, nous avons sélectionné les placettes de l’IPRFW avec présence d’au moins un douglas parmi l’étage dominant et dont l’âge du peuplement est supérieur ou égal à 37 ans (âge minimum d’apparition de la régénération d’après les relevés de l’IPRFW).
L’examen des données montre que la proportion de peuplements avec présence de régénération naturelle de douglas (semis ou perches de moins de 40 cm de circonférence) augmente avec l’âge des peuplements mères (figure 2A) et diminue avec le nombre de tiges par hectare (figure 2B). Ces deux variables sont bien entendu liées, le nombre de tiges diminuant au fur et à mesure des éclaircies et donc du vieillissement des peuplements. Par ailleurs, plus l’âge est avancé, plus il devient probable d’observer différents stades de régénération, depuis les jeunes semis jusqu’au bas ou au haut perchis. En revanche, aucune tendance linéaire nette n’est observée concernant la surface terrière (figure 2C).
Pour près des trois quarts des peuplements comportant de la régénération naturelle, la surface terrière du peuplement mère est comprise entre 20 et 39 m2/ha. Le maximum observé est de 62 m2/ha dans un peuplement où les semis ne dépassent pas 30 cm de hauteur. L’amplitude de variation de la surface terrière dans ces peuplements souligne bien la difficulté de déterminer un seuil correspondant à l’apparition de la régénération naturelle. En outre, le nombre de tiges du peuplement mère ne dépasse pas 350 par hectare pour 80 % des observations et le maximum observé est de 673 tiges par hectare. À partir de 50 ans, au moins 20 % des peuplements situés en Wallonie voient se développer de la régénération. Cette proportion s’élève à 50 % pour les plus vieux peuplements (plus de 80 ans).
Ces données caractérisent des peuplements matures dans lesquels une régénération est installée et, dans certains cas, atteint des stades de développement avancés, depuis des semis de moins de 30 cm de hauteur jusqu’à des perches de plus de 20 cm de circonférence et plusieurs mètres de hauteur. Il faut toutefois les considérer avec prudence. En effet, des conditions locales dues à la situation du peuplement ou à ses caractéristiques peuvent apporter des conditions de lumière favorables au développement des semis. Ainsi, l’effet d’une surface terrière ou d’une densité élevée peut être compensé par une hauteur dominante importante ou par la proximité d’une lisière qui permet au sous-bois d’être suffisamment éclairé.