Après plus de 100 ans de culture de douglas en Allemagne, l’industrie du bois peut désormais proposer tous les assortiments de bois ronds, du petit au gros bois de grande valeur et de forte dimension. Toutefois, les volumes actuellement sur pied et les exploitations de douglas ne représentent qu’une fraction des équivalents en épicéa.
Un marché régional pour le bois de douglas
Fig. 2: Volume récolté en m3 sans écorce, selon le BWI2 (ex-RFA).
Ainsi, le bois de douglas ne joue pour l’instant un rôle important que sur le marché régional. Outre son utilisation classique comme bois de charpente, ses propriétés sont appréciées dans des applications spéciales, comme la fabrication des planchers de fortes dimensions ou dans le secteur bien rétribué des poteaux, mâts et pylônes. Par rapport aux autres bois de conifères, celui du douglas présente des avantages essentiels, mais sa transformation et son utilisation requièrent un savoir-faire particulier. C’est pourquoi plusieurs entreprises se sont spécialisées dans cette essence. Mais il existe aussi, depuis peu, certains transformateurs qui débitent les bois ronds de petites et moyennes tailles dans des scieries modernes pour en faire des sciages destinés au marché de masse. Le potentiel d’utilisation de ce bois est très élevé.
Caractéristiques du bois et propriétés technologiques
Les critères de qualité et les propriétés technologiques du bois de douglas indigène présentent une variabilité beaucoup plus large que celle de tous nos autres conifères d’importance économique. Lors d’une analyse des propriétés technologiques de bois de douglas exploitable dans le Bade-Wurtemberg (Sauter 1992), la largeur moyenne des cernes annuels sur les sections de sciage débité en carrelets et en planches lamellées mesurait entre 1,5 et 8,2 mm. La valeur moyenne de tous les échantillons examinés se situait à un niveau modéré de 4 mm. La largeur des cernes est considérée comme un indicateur d’importantes propriétés déterminant la qualité du bois. Des cernes larges correspondent généralement à une faible densité.
Il n’est donc pas étonnant que la densité du bois d’un même sciage, mesurée sur la section des troncs et à trois hauteurs typiques pour les douglas, présente une forte variabilité allant de 0,38 à 0,68 g/cm3 pour le bois anhydre. Ces deux valeurs extrêmes ne représentent même pas toute la variabilité; comme le montrent des observations de terrain, elles sont dépassées vers le haut et le bas sur des bois de dimensions particulières à certaines utilisations. La densité moyenne du bois est de 0,52 g/cm³, ce qui dépasse largement celle des épicéas et des sapins de la même région. Jozsa et Middleton (1994) ont aussi démontré sommairement que la densité du bois de douglas est plus élevée que celle d’autres essences d’importance économique.
Tabl. 1: Propriétés du bois de douglas | ||||
Source | Densité du bois (à 12% d’humidité) kg/m3 | Module d’élasticité statique N/mm2 | Résistance à la flexion N/mm2 | Résistance à la traction (lames) N/mm2 |
Fischer 1994 (n=415) | 471 | 10.603 | 27,1 | - |
Glos et al. 1995 [10] (n=165) | 501 | - | - | - |
Glos et al. 1995 (n=268) | 488 | 16.357 | 36,9 | - |
Sauter 1992 (n=393) | 506 | 12.576 | 24,7 | 42,3 (n=129, s=25,5) |
Pelz et al. 1998 (n=115) | 438 (s=33) | 9.158 (s=2.824) | 18,1 (s=7,4) | 22,9 (n=116, s=10,03) |
Nodosité
Les propriétés mécaniques du bois de douglas sont déterminées, outre par sa densité, notamment par la configuration des branches. Là aussi, le bois de douglas indigène couvre un éventail de diamètres pouvant atteindre 70 mm entre les plus petits et les plus grands diamètres de branches mesurables à la surface du bois de sciages selon la norme DIN 4074. Ces diamètres se situent en moyenne entre 20 et 40 mm, mais peuvent aller jusqu’à 90 mm dans des cas extrêmes.
La densité du bois et la nodosité, deux critères essentiels pour les propriétés mécaniques, sont largement influencées par les diverses conditions de croissance. Dès lors, outre le choix de la station et la provenance, l’éducation du peuplement, notamment la gestion de l’espace occupé par chaque arbre, revêt une importance majeure pour la production d’un bois de douglas de haute qualité.
Dans l’ensemble, le bois de douglas indigène se caractérise par ses très bonnes propriétés mécaniques en termes de résistance à la flexion et à la traction, des qualités particulièrement requises lorsqu’il s’agit de bois de charpente, de carrelets solides ou de poutres en lamellé-collé. En raison de sa haute densité par rapport aux autres conifères, et malgré les dimensions également plus fortes des branches, le bois de douglas en sciages est doté d’un bon pouvoir porteur; il peut généralement être attribué dans de meilleures classes de portance. Cet avantage revêt une importance majeure, car il permet d’utiliser le douglas pour des sciages relativement minces en rapport avec la nodosité existante. Le bois de douglas convient donc parfaitement à la réalisation de constructions modernes.
Le bois juvénile
Mais il existe aussi des risques: une croissance rapide les premières années conduit à la formation de cernes larges dans le bois de cœur et le bois rond contient donc une trop grande part de bois juvénile. On considère que le bois est juvénile sur les 20 premiers cernes annuels, à compter de la moelle. L’influence négative du bois juvénile sur les propriétés mécaniques compromet de façon non négligeable l’adéquation des sciages du douglas pour la charpenterie. Ces effets ne peuvent pas toujours être compensés par les dimensions typiquement faibles des branches à proximité du bois parfait.
Triage automatique nécessaire
A l’heure actuelle, le tri des sciages par portances (DIN 4074) devrait absolument être exécuté à la machine. Le tri visuel, tel qu’il est autorisé, risque de ne pas mettre pleinement à profit le potentiel de portance du bois de douglas. Les trieuses peuvent aussi, entre autres, reconnaître la densité du bois, généralement élevée, ce qui augmente le rendement du débitage et entraîne une forte plus-value économique.
Possibilités d’utilisation
Outre les utilisations décrites dans le domaine de la charpenterie, le bois de douglas indigène se prête aussi à de multiples autres usages. Ce sont par exemple celles du domaine en plein essor des façades, balcons, carports ainsi que le bois utilisé dans le paysagisme ou dans les jardins. Il est également de plus en plus prisé dans l’aménagement intérieur pour les planchers, encadrements de fenêtres et revêtements de parois.
Bibliographie
- Sauter, U.H. (1992): Technologische Holzeigenschaften der Douglasie (Pseudotsuga menziesii (Mirb.) Franco) als Ausprägung unterschiedlicher Wachstumsbedingungen. Dissertation an der Forstwissenschaftlichen Fakultät der Universität Freiburg.
Traduction: Monique Dousse, Rotkreuz