Organismes nuisibles et dommages

Le «dépérissement aigu» des chênes est une pathologie complexe. Des facteurs divers, gel, épisodes de sécheresse, station ou âge des arbres interagissent avec des organismes nuisibles et déclenchent la maladie. Les bactéries mentionnées jouent un rôle important, tout comme l’agrile du chêne. Des lésions accompagnées d’un suintement sur le tronc et dans la couronne (fig. 1 et 2) sont les premiers symptômes d’un dépérissement aigu du chêne.

Ces lésions apparaissent typiquement au printemps et en automne. Sous l’écorce, elles se manifestent par des taches humides et foncées (fig. 3) qui se propagent jusqu’à l’aubier. Les chênes atteints dépérissent souvent en quelques années. Il est fréquent que plusieurs chênes de tous âges soient touchés, voire des chênaies entières.

Identité et biologie des bactéries

G. quercinecans, B. goodwinii et R. victoriana sont des bactéries Gram-négatives en forme de bâtonnet. Une étude récente a montré par des essais d’inoculation que le suintement est causé par G. quercinecans et B. goodwinii. Le rôle de R. victoriana n’est pas bien défini. On ne peut pas exclure que d’autres bactéries soit aussi impliquées.

Influence de l’agrile du chêne en Suisse

En Grande-Bretagne, des galeries de l’agrile du chêne (Agrilus biguttatus, fig. 4) sont présentes dans 90% des cas à proximité des suintements.

Sur les chênes rouvres atteints en Suisse, des galeries courtes et irrégulières ont été observées (fig. 5). Il n’a toutefois pas été possible de confirmer la présence de l’insecte et aucun orifice de sortie n’a été détecté. Une partie des chênes avaient déjà formé des tissus calleux sur les parois des galeries. C’est pourquoi on ne peut exclure qu’une ponte a eu lieu l’année précédente et que le développement des jeunes larves a été compromis par la suite.

Situation en Europe

Le «dépérissement chronique» des chênes est en Europe un phénomène cyclique caractérisé par des évolutions diverses de la maladie. En comparaison, le «dépérissement aigu» observé en Grande-Bretagne depuis les années 1980 est une pathologie plus agressive.

Dans ce pays, des bactéries pathogènes prélevées dans l’écorce de chênes infectés ont été isolées et étudiées pour la première fois en 2008. La présence simultanée des trois espèces G. quercinecans, B. goodwinii et R. victoriana n’a été attestée jusqu’ici qu’en Grande-Bretagne et en Suisse. La présence isolée d’espèces apparentées des genres Brenneria et Gibbsiella a été constatée en Espagne et aux Etats-Unis.

Origine et mode de transmission possibles

La présence confirmée de bactéries pathogènes sur trois chênes rouvres nouvellement plantés et provenant de l’étranger laisse supposer que le pathogène a été introduit en Suisse avec ces arbres. Jusqu’ici, aucun chêne porteur de symptômes n’a pu être détecté à proximité des trois chênes atteints.

Les plantes importées peuvent sembler saines à l’importation, mais peuvent toutefois contenir des organismes pathogènes latents. Souvent, les symptômes n’apparaissent que plus tard, par exemple sur des arbres stressés. L’agrile du chêne semble être le principal vecteur dans le cas du «dépérissement aigu» du chêne. La propagation des bactéries pathogènes peut également se faire par le vent, la pluie, les oiseaux ou l’homme.

Recommandations

Tout chêne présentant des suintements ou une infestation par l’agrile du chêne n’est pas nécessairement infesté par les bactéries en question. Il s’agit d’abord de poser un diagnostic sûr. Pour émettre des recommandations fondées, il faut étudier plus précisément l’écologie et la pathologie des bactéries décelées ainsi que les interactions entre les organismes impliqués dans cette maladie complexe.

Pour l’instant, en application du principe de précaution et pour prévenir toute propagation du pathogène, nous recommandons d’éliminer les arbres atteints ou d’empêcher l’accès au site afin d’éviter le contact avec les suintements sur les troncs. Les arbres touchés doivent être contrôlés régulièrement et éliminés si leur état de santé se dégrade.

Signalez vos observations!

Les trois bactéries G. quercinecans, B. goodwinii et R. victoriana ne font pas partie des organismes de quarantaine en Europe. Il n’y a pas obligation de surveiller ni de signaler les infestations. Malgré cela, dans la phase actuelle de propagation précoce, nous vous prions de bien vouloir transmettre vos observations de suintements touchant les chênes à votre service cantonal de protection des forêts ou de protection des végétaux ou à Protection de la forêt suisse.