Dans ce contexte, les responsables de la formation des cantons romands ont eu l’idée de sensibiliser le service forestier et les entrepreneurs forestiers à l’utilisation de méthodes de récolte des bois plus efficaces sur les terrains en pente. De telles démonstrations ont déjà été organisées ces dernières années par le canton de Berne (Grindelwald, 2003) et par l’Association Suisse des Entrepreneurs Forestiers (Sarnen, 2005).
Application pratique
Quatre coupes de bois permirent de montrer aux participants de quelle manière les méthodes de récolte des bois mécanisées peuvent être appliquées de façon optimale sur des terrains en pente. Elles les informèrent sur les coûts engendrés de même que sur les besoins aux niveaux de la planification, de l’organisation et de l’exécution.
Les quatre méthodes de récolte:
- Méthode par arbre entier, câble-grue mobile et processeur sur rétro (figure 1)
- Méthode mécanisée par assortiments avec débusquage en chaîne fermée, récolteuse type araignée et câble-grue mobile (figure 2)
- Méthode mécanisée par arbre entier sans débusquage en chaîne fermée, câble-grue combiné et fagoteuse à bois énergie (figure 3)
- Méthode mécanisée par assortiments et méthode manuelle par arbre entier, récolteuse sur roues et câble-grue à chariot automoteur "Woodliner" (figure 4)
Figure 2 - Du fait de son poids relativement faible, la récolteuse sur araignée convient particulièrement bien pour le travail en jeune et moyenne futaie sur des terrains de faible portance. Photo: André Stettler
Le choix d’une méthode de récolte optimale nécessite des connaissances sur la technique utilisée, sur le déroulement du travail, sur les possibilités d’engagement, ainsi que sur les avantages et les inconvénients du processus. En outre, la collaboration entre les différents acteurs de la chaîne du bois s’avère toujours plus importante, ce qui accroît les exigences sur le plan de la communication, de l’organisation et du contrôle de qualité. L’aspect de "la technique au service de la sylviculture" fut particulièrement mis en évidence: dans les quatre coupes de bois, il fut démontré que les différents objectifs sylvicoles pouvaient sans autre être atteints en utilisant des méthodes de récolte des bois modernes.
Figure 3a - Combiné de récolte (câble-grue mobile et processeur grue sur camion) débardant vers le haut. Si l’installation peut être mise en place en dehors de la route, il est en général possible d’éviter le transport sur un dépôt intermédiaire, ce qui représente une économie substantielle. Photo: Friedrich Frutig (WSL)
Figure 3b - La fagoteuse à boisénergie résout le problème des gros tas de branches lors du débardage d’arbres entiers par câble-grue. Les fagots sont faciles à transporter, à stocker et à utiliser. Photo: Friedrich Frutig (WSL)
Figure 4a - En terrain fortement accidenté, la récolteuse à roues CAT 580B à essieux oscillants montre ses avantages. Photo: Friedrich Frutig (WSL)
Figure 4b - La concentration préalable du bois par la récolteuse augmente la productivité du débardage par câble-grue. Débardage du bois au moyen du chariot automoteur Woodliner et transport intermédiaire avec tracteur et remorque munie d’une grue. Photo: Friedrich Frutig (WSL)
Possibilités de réduire les coûts
La comparaison avec les coûts de récolte dans des conditions identiques, en Autriche et dans le Sud de l’Allemagne, révèle que les coûts horaires, des machines en particulier, sont nettement plus élevés. La structure en petites propriétés oblige à déplacer fréquemment les machines d’une coupe à l’autre, ce qui occasionne des frais de transport. Plus grave, il en découle un rendement annuel insuffisant des machines.
Afin de surmonter les inconvénients des petites propriétés, il faut améliorer l’organisation: accroître la collaboration entre les propriétaires de forêts, augmenter le volume des coupes ou par lieu d’engagement. Les avantages de la mécanisation (économie de coûts, de temps, sécurité au travail, contraintes corporelles de la main-d’oeuvre) peuvent être contrebalancés par les risques résultant d’une utilisation inadéquate des moyens (dégâts au peuplement, au sol et aux racines).
La méthode optimale
Ces dernières années, la notion de "méthode optimale" a souvent été utilisée en relation avec la récolte des bois. Le terme est fréquemment compris comme la méthode de récolte la moins chère pour le propriétaire. Dans de nombreux cas, les coûts sont un facteur important, voire essentiel, mais ils ne sont pas le seul. La méthode peut être définie comme optimale lorsqu’elle répond au mieux aux objectifs dans les conditions-cadres existantes. Parmi celles-ci, notons:
- la topographie
- le sol
- la desserte
- le peuplement
- l’intervention prévue
- la technique à utiliser
- les travailleurs
- les risques de dégâts au peuplement et au sol
- les conditions atmosphériques
Le choix correct de la méthode de récolte est très important. Avec la planification, il détermine 60 à 80% des coûts finaux.
Choix de la méthode
La figure 5 indique une manière de procéder au choix de la méthode de travail adaptée aux conditions-cadres. Dans une première étape, on examine les méthodes de récolte des bois entrant en considération sur la base de la topographie, de la desserte, de la portance du sol, du peuplement, des assortiments et des volumes produits. Dans une deuxième étape, la rentabilité des méthodes techniquement utilisables est évaluée. Les coûts de récolte sont estimés sur la base de calculs, d’offres ou de l’expérience. Le rendement financier est évalué sur la base des prix actuels du marché.
Il en résulte le rendement net possible. La méthode techniquement utilisable et la moins coûteuse doit encore être appréciée au niveau, difficilement chiffrable en francs et centimes, de son effet sur l’homme et l’environnement (sol et peuplement). Selon la situation, il peut s’avérer que la méthode optimale n’est pas la meilleur marché. Par exemple, si la portance du sol est critique, une méthode plus coûteuse basée sur une installation par câble (processeur sur camion à mat rabattable) peut être plus avantageuse qu’une méthode recourant à des engins au sol (récolteuses sur roues, sur chenilles ou sur araignée) et comportant le risque de dommages au sol plus conséquents.
Figure 5 - La méthode optimale de récolte des bois n’est pas toujours la moins chère. En dehors du coût, il faut tenir compte de nombreux autres facteurs.
Créer des conditions-cadres favorables à la production de bois
Suite à la demande accrue aussi bien de grumes que de bois d’industrie et de boisénergie, l’évolution des conditions pour l’exploitation du bois des forêts en pente est actuellement favorable. Les méthodes de travail modernes pour une récolte des bois efficiente existent, mais leur potentiel d’engagement n’est pas encore épuisé.
Les méthodes de travail hautement mécanisées nécessitent des investissements très importants, ce qui entraîne des coûts systémiques (coût horaire de l’ensemble du système de travail) relativement élevés. L’exploitation d’un grand volume de bois par coupe peut contribuer de façon déterminante à réduire les coûts de récolte. Les propriétaires de forêts sont appelés à collaborer davantage et à offrir des quantités de bois plus conséquentes. Il peut s’agir de coupes plus grandes ou de plusieurs coupes dans la même région. Il est avantageux pour l’organisation de l’entrepreneur que les délais d’exécution soient suffisamment longs.
Par des exemples impressionnants, la manifestation du canton de Fribourg a montré que le martelage des bois peut tout à fait être adapté à la méthode de travail sans compromettre les objectifs sylvicoles. Mais il y a une condition à cela: il importe que la méthode de récolte soit définie avant le martelage. L’un des exemples a prouvé qu’il existe aussi des méthodes de récolte des bois mécanisées qui conviennent bien à l’exécution de mesures dans leurs exigences particulières.
Au vu des connaissances et expériences spécifiques nécessaires, des frais d’investissements élevés et du taux d’occupation annuel important que ceux-ci impliquent, les systèmes de récolte des bois hautement mécanisés sont acquis et utilisés essentiellement par des entrepreneurs forestiers ou par des exploitations forestières publiques travaillant en tant qu’entrepreneurs. En conséquence, les différents acteurs de la chaîne du bois, en particulier les propriétaires de forêts, le service forestier et les entrepreneurs forestiers, sont appelés à collaborer toujours plus intensivement. Les exigences de planification, d’organisation, de communication et de contrôle de qualité en augmentent d’autant.