Photo 2 - Le chariot Koller 2500 est télécommandé et équipé d'un "choker" également télécommandé qui permet de détacher les grumes à distance.
Photo 3 - Les quatre treuils pour les câbles-haubans sont fixés au-dessus du socle du mât. Les roues pour les câbles porteur et tracteur sont intégrées.
Photo 4 - Crochets pour l’arrimage des haubans.
Photos: Ferdinand Oberer
Les yarders sont des mâts montés sur des véhicules porteurs qui servent de supports à des installations de téléphérage de petites longueurs, rapides à mettre en place. Ces câbles-mâts – définition la plus courante en français – sont utilisés depuis plus de cent ans dans les forêts des USA. Sur les côtes pacifiques d’Amérique du Nord, les premiers yarders sont apparus à l’époque des machines à vapeur. Ils sont demeurés à peu près inconnus dans nos forêts européennes. Herzog, le constructeur de matériel forestier de Zumholz, dans le canton de Fribourg, vient de lancer un yarder destiné au marché européen, le Grizzly 400. A Rossemaison, Lema, entrepreneur forestier, est l’un des premiers utilisateurs de cette machine en Suisse.
Il est étonnant de constater que les câbles-mâts soient pratiquement absents des forêts européennes. Ces équipements sont, en effet, particulièrement bien adaptés aux zones desservies par des routes forestières mais dépourvues de pistes ou de layons accessibles aux engins de débardage, situation qui se rencontre souvent dans les régions marécageuses et la moyenne montagne.
Idéal dans le Jura
Le Jura, où vit et travaille Lema, en est un exemple typique. Si la région dispose d’un réseau assez dense de routes forestières accessibles aux camions, ses propriétaires forestiers ont souvent renoncé à y développer des pistes de débardage. Pour pouvoir, malgré tout, y sortir du bois dans les règles de l’art, notre entrepreneur forestier a donc fait l’acquisition, cette année, d’un câble-mât.
A la fin de septembre, il travaillait dans une coupe sur la commune de Bassecourt, dans la vallée de Delémont. Si l’endroit est desservi par des chemins carrossables environ tous les 300 m, le couvert forestier n’est, lui, pas accessible aux engins en raison de la déclivité. Les distances sont trop grandes pour utiliser un treuil, trop courtes pour justifier l’installation d’un câble-grue classique: le yarder s’est révélé être la solution idéale et Lema a décroché le contrat.
En deux temps, trois mouvements
La mise en place d’un câble-grue classique peut prendre plusieurs jours; elle ne se justifie donc que pour des gros volumes et des tracés d’une certaine importance. Par contre, l’installation d’un yarder ne prend qu’une heure ou deux. La base avec son moteur d’entraînement et son mât de 9,8 m n’occupe qu’une place réduite et peut être installée au sommet d’un talus. C’est un avantage évident en montagne, où les espaces disponibles sont souvent exigus. Le sommet du mât se replie pour le transport. Le moteur s’escamote ensuite sous le bras de la rétro, à la manière d’une pelle classique. Lema a, en effet, fixé son choix sur une rétro à chenilles Kobelco 235 SR comme porteur pour son yarder. En cas de nécessité, sur un terrain plat par exemple, il peut utiliser le contrepoids de la rétro pour y arrimer directement les câbles-haubans du mât.
Les quatre tambours des haubans – 50 m chacun – sont placés au-dessus des treuils avec les câbles porteur – 400 m de longueur – et tracteur – 450 m. L’ensemble du véhicule, du mât, des treuils et du groupe d’entraînement moteur pèse 32 t. Le yarder de Lema ne dispose pas d’un troisième tambour de retour. Mais la machine est déjà prééquipée et, en cas de besoin, un tel dispositif pourrait être monté facilement pour permettre de travailler en tri-câble (porteur, tracteur, retour). Les câbles de longueur réduite laissent de la place sur les tambours, qui pourraient accueillir des câbles de diamètres supérieurs, avec des capacités de charges plus élevées. Le diamètre des haubans actuels est de 20 mm, celui du câble porteur de 18 mm (compacté, capacité de 9 t) et celui du tracteur de 11 mm (compacté, 4,8 t).
Rendement à l’appui
Lema a créé son entreprise voilà quatre ans; il emploie aujourd’hui six forestiers-bûcherons et un apprenti. Sur la coupe de Bassecourt, il travaillait à deux avec un forestier-bûcheron préposé à l’abattage et à l’accrochage des arbres sous la ligne. Au sommet, Lema réceptionnait les arbres entiers pour les façonner au processeur, un Woody-60 monté sur une rétro Pelco de 25 t, et trier les assortiments.
L’entrepreneur a ainsi récolté 850 m3 p de feuillus et de résineux sur cette coupe, à raison d’une soixantaine de mètres cubes p par jour. "Pour sortir 60 m3 p par jour au débusqueur dans un terrain comme ici, il faudrait vraiment s’accrocher ", faisait remarquer l’entrepreneur en relevant également le faible impact du câble-mât sur le sol et le peuplement. Raison pour laquelle, d’ailleurs, Lema prédit un bel avenir au câble-mât dans nos forêts d’Europe centrale. Son carnet de commandes en témoigne déjà: bien qu’il soit un peu plus cher que ses collègues avec leurs machines classiques, il devrait sortir 3500 m3 p cette année déjà et atteindre 4500 m3 p l’an prochain. Un volume optimal pour utiliser la pleine capacité de son yarder