Les toutes dernières statistiques des différentes régions alpines montrent que ce type d’incendie est étroitement lié aux conditions météorologiques et que sa fréquence peut autant varier d’une année à l’autre que d’une région à l’autre (figure 1).

En raison des décharges électriques, les éclairs agissent comme des inflammateurs, notamment lorsque l’événement n’est pas suivi d’averses abondantes. Tout comme les orages avec précipitations, ces situations météorologiques présentent de nettes différences, tant au niveau régional que local. L’été 2003 a constitué une exception. En effet, suite à une sécheresse estivale étendue et prolongée associée à des températures exceptionnellement élevées, les éclairs «secs» ont provoqué plusieurs incendies de forêt dans la plupart des régions alpines (figure 2).

Les incendies de foudre se manifestent surtout pendant le semestre d’été, la plupart des feux démarrant en juillet et en août (figure 3). Au cours de ces mois, la foudre est à l’origine de 20 à 40% de l’ensemble des incendies de forêt: lors de la période 1994–2003, leur proportion était d’environ 39% au Tessin, d’environ 35% dans les Grisons et d’environ 20% en vallée d’Aoste italienne.

Caractéristiques des incendies de foudre

Les éclairs se forment souvent en montagne et frappent donc avant tout des résineux. Par conséquent, et en comparaison avec les incendies de forêt d’origine humaine, les feux de foudre ont tendance à se manifester en haute altitude (figure 4). Bien souvent, ils se propagent dans le sous-sol. Associée aux localisations escarpées, élevées et souvent inaccessibles des foyers d’incendie, cette situation complique énormément leur extinction. C’est pourquoi ces feux ont tendance à durer beaucoup plus longtemps que ceux d’origine humaine, bien que les surfaces brûlées aient souvent une superficie réduite (figure 5). Néanmoins, ces connaissances ne permettent d’esquisser que des tendances, car la dispersion des données est énorme.

Conclusions

Phénomène caractéristique des régions alpines, les incendies de foudre sont devenus de plus en plus fréquent au cours des dernières décennies. Il est même permis de supposer qu’en raison des altitudes élevées et de l’isolement des lieux, le nombre réel de départs de feux est nettement supérieur à celui des incendies relevés. C’est le cas notamment des évènements les plus minimes, qui s’éteignent souvent d’eux-mêmes et ne peuvent donc pas être documentés par la suite. Le recul généralisé de l’exploitation forestière dans les régions de montagne (et par conséquent l’accroissement du volume de matériau combustible) ainsi que l’évolution présumée du climat (avec une augmentation des périodes de sécheresse estivale et de l’intensité des épisodes orageux) laissent supposer qu’à l’avenir les incendies de foudre seront encore plus fréquents.

Le relevé détaillé des évènements connus ainsi que la collecte des expériences accumulées lors du contrôle des incendies de foudre constituent une bonne base pour améliorer les futures stratégies de lutte anti-incendie et maîtriser les dépenses qui en découlent. Dans cette optique, la base de données sur les incendies de forêt constitue un outil de travail idéal.

Traduction: Stéphanie Rüling-Moreau